Au cours de la longue traversée du désert (40 ans) nous voyons comment s’inscrit dans le quotidien cette relation que Dieu a voulu établir et à laquelle le peuple tout entier a adhéré. En face des épreuves en particulier, souvent le peuple succombe à la tentation de se détourner du droit chemin. C’est vrai par exemple de l’épisode de la fabrication du Veau d’or : « Le peuple vit que Moïse tardait à descendre de la montagne. Il se rassembla contre Aaron et lui dit : « Debout ! Fais-nous des dieux qui marchent devant nous. Car ce Moïse, l’homme qui nous a fait monter du pays d’Égypte, nous ne savons pas ce qui lui est arrivé. » (…) Le lendemain, levés de bon matin, ils offrirent des holocaustes et présentèrent des sacrifices de paix ; le peuple s’assit pour manger et boire ; puis il se leva pour se divertir. Le Seigneur parla à Moïse : « Va, descends, car ton peuple s’est corrompu, lui que tu as fait monter du pays d’Égypte. Ils n’auront pas mis longtemps à s’écarter du chemin que je leur avais ordonné de suivre ! Ils se sont fait un veau en métal fondu et se sont prosternés devant lui. Ils lui ont offert des sacrifices en proclamant : “Israël, voici tes dieux, qui t’ont fait monter du pays d’Égypte.” » Le Seigneur dit encore à Moïse : « Je vois que ce peuple est un peuple à la nuque raide. » (Ex 32, 1, 6-9) C’est encore le cas lorsque que le peuple est éprouvé par la faim : « Toute la communauté des fils d’Israël partit d’Élim et atteignit le désert de Sine, entre Élim et le Sinaï, le quinzième jour du deuxième mois après sa sortie du pays d’Égypte. Dans le désert, toute la communauté des fils d’Israël récriminait contre Moïse et Aaron. Les fils d’Israël leur dirent : « Ah ! Il aurait mieux valu mourir de la main du Seigneur, au pays d’Égypte, quand nous étions assis près des marmites de viande, quand nous mangions du pain à satiété ! Vous nous avez fait sortir dans ce désert pour faire mourir de faim tout ce peuple assemblé ! » (Ex 16, 1-3) La réponse du Seigneur est immédiate : « Le Seigneur dit à Moïse : « Voici que, du ciel, je vais faire pleuvoir du pain pour vous. Le peuple sortira pour recueillir chaque jour sa ration quotidienne, et ainsi je vais le mettre à l’épreuve : je verrai s’il marchera, ou non, selon ma loi. Mais, le sixième jour, quand ils feront le compte de leur récolte, ils trouveront le double de la ration quotidienne. » (Ex 16, 4-5)
Les exemples pourraient se multiplier. Cela nous fait découvrir que s’engager à la suite de Dieu est à la fois une grande joie, celle en l’occurrence d’être libéré du poids de l’oppression de Pharaon et en même temps une épreuve celle de se trouver dans une situation matériellement moins confortable, avec des incertitudes dans la gestion du quotidien, sans bien savoir de quoi demain sera fait, avec le découragement, avec les révoltes, avec les fermetures du cœur, avec le péché avec l’avalanche des questions : est-ce qu’on a bien fait de partir ? Combien de temps cette situation précaire va-t-elle durer ? Dieu va-t-il nous abandonner ? Pouvons-nous lui faire totalement confiance ? L’expérience dans le désert du peuple Dieu se prolonge tout au long de l’histoire et nous voyons bien que l’attitude du peuple dans le désert est aussi la nôtre aujourd’hui. Nos élans de confiance sont bien réels mais ils se trouvent confrontés aux difficultés de la vie, à nos tergiversations, à nos incertitudes. Nous faisons alors l’expérience comme le peule hébreux de la fidélité de Dieu qui malgré tout, d’une manière ou d’une autre continue à prendre soin de nous avec ses manières à lui d’agir qui quelques fois nous surprennent ou nous dérangent mais qui toujours nous restaurent dans notre engagement initial.
« Pour moi, je crie vers Dieu ; le Seigneur me sauvera.
Le soir et le matin et à midi, je me plains, je suis inquiet. Et Dieu a entendu ma voix,
il m’apporte la paix. Il me délivre dans le combat que je menais ;
ils étaient une foule autour de moi. » (Ps 54, 17-19)