L'ÉDITO DU PÈRE CACAUD

semaine du 4 décembre 2022

Marie et Jean-Baptiste

En ce dimanche, deuxième du temps de l’Avent, c’est la figure de Jean-Baptiste qui s’impose mais déjà, notre regard et notre prière sont orienté vers la Vierge Marie, car le 8 décembre est tout proche. Il y a comme un télescopage entre deux grandes figures dont le message nous semble contradictoire.
D’un côté la figure imposante de Jean-Baptiste dont la voix tonitruante invective les Pharisiens et les Saducéens : « Engeance de vipères ! Qui vous a appris à fuir la colère qui vient ? ». Il pique au vif ! C’est la voix du prophète qui voit l’urgence de l’appel à la conversion et qui veut en signifier l’importance. Déjà les anciens Prophètes savaient ne pas
mâcher leurs mots pour réveiller le peuple de sa torpeur où le sommer de quitter le culte des faux dieux. Des voix comme les leurs se sont fait entendre aussi tout au long de l’histoire de l’Eglise. Ils ne manquent pas les saints qui n’avaient pas la langue dans leur poche pour rappeler le droit et la justice, les exigences de la charité. Des voix semblables s’élèvent
aujourd’hui encore et nous dérangent dans notre confort. Plutôt que de faire la sourde oreille ou d’essayer d’édulcorer leur message, sachons les écouter, acceptons de nous laisser secouer pour ne pas retarder le temps de notre conversion car le Seigneur vient !
De l’autre côté la figure paisible de Marie qui reçoit la visite de l’ange Gabriel et qui accueille la mission qu’il lui confie : « Voici que tu vas concevoir et enfanter un fils ; tu lui donneras le nom de Jésus. ». Après avoir demandé comment les choses allaient se passer pour elle, Marie adhère à la volonté du Seigneur : « Voici la servante du Seigneur ; que tout se passe pour moi selon ta parole. » Nous sommes loin des éclats de voix de Jean-Baptiste, nous pénétrons dans la confidentialité d’un dialogue mystérieux et cependant les paroles ont la même vigueur.
Quelle force dans le message de Gabriel, quelle force en Marie, celle de l’Esprit saint, pour entrer dans le projet de Dieu.
Il n’y a donc pas de télescopage entre Jean-Baptiste et Marie mais bien plutôt une belle complémentarité. Les chemins par lesquels Dieu nous rejoint ne sont pas les mêmes, ses messagers ne s’adressent pas à nous de la même façon mais c’est toujours le même appel qui retentit.
Que nous y soyons appelés par la voix puissantes des prophètes de notre temps ou par celle plus douce des anges, nous ne devons pas nous dérober à l’appel du Seigneur. C’est là la vie du croyant : servir la volonté du Seigneur. C’est comme cela que nous devenons toujours de ceux qui préparent la venue du Seigneur. Car il vient celui qui est déjà venu, nous l’attendons dans la joie car il vient pour nous donner sa Vie.

Michel Cacaud