La confession de foi de Pierre à Césarée de Philippe : « Tu es le Christ », nous indique à quelle hauteur nous devons atteindre pour communier au mystère de la foi. Toujours plus haut dit la devise olympique. C’est à cette hauteur qu’il nous faut atteindre. Reconnaître que Jésus est le Christ c’est-à-dire au sens étymologique du terme celui qui à reçu l’onction, celui qui est consacré, celui qui est envoyé. Pour les contemporains de Jésus cette confession de foi semble difficile, inaccessible. Pourquoi ?
Parce que les facultés humaines n’ont pas cette faculté de conceptualiser que Dieu puisse se faire homme, que Dieu puisse accepter cet abaissement si bien exprimé dans la lettre de Saint Paul aux Philippiens : « Le Christ Jésus, ayant la condition de Dieu, ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu. Mais il s’est anéanti, prenant la condition de serviteur, devenant semblable aux hommes. Reconnu homme à son aspect, il s’est abaissé, devenant obéissant jusqu’à la mort, et la mort de la croix. C’est pourquoi Dieu l’a exalté : il l’a doté du Nom qui est au-dessus de tout nom, afin qu’au nom de Jésus tout genou fléchisse au ciel, sur terre et aux enfers, et que toute langue proclame : « Jésus Christ est Seigneur » à la gloire de Dieu le Père. » (Ph 2, 5-11).
Lorsque Pierre proclame la foi : « Tu es le Christ », Jésus ajoute immédiatement selon la tradition de Saint Matthieu : « Heureux es-tu, Simon fils de Yonas : ce n’est pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela, mais mon Père qui est aux cieux. » (Mt 16, 17). Il faut donc que nous soyons aidés, soutenus par l’intervention du Père pour accéder et adhérer aux vérités de la foi. C’est déjà ce que chantait le psaume 138 : « Savoir prodigieux qui me dépasse, hauteur que je ne puis atteindre ! » C’est là l’œuvre de la grâce en chacune de nos vies.
Si donc nous voulons accéder à ce niveau de connaissance, il nous faut non seulement faire travailler nos capacités intellectuelles mais d’abord nous ouvrir au souffle de l’Esprit pour que nous puissions réaliser cette ascension qui nous conduit à la contemplation du mystère de notre Dieu. C’est ce qu’exprime le pape François dans la préface d’un livre qui recueille des éléments de la pensée de son prédécesseur : « Benoît xvi a fait de la théologie à genoux. Son argumentation de foi était menée avec la dévotion d’un homme qui s’est abandonné tout entier à Dieu et qui, sous la conduite de l’Esprit Saint, cherchait à pénétrer toujours davantage le mystère de ce Jésus qui l’avait fasciné dès sa jeunesse. »
Lorsque nous empruntons ce chemin, c’est le chemin de la vie mystique qui nous conduit d’étape en étape sur ces « hauteurs que je ne puis atteindre », nous entrons dans la contemplation du mystère de Dieu et alors il nous devient plus facile d’adhérer au mystère de la foi et d’en goûter tous les fruits. Nous n’en aurons jamais fini d’aller de hauteur en hauteur, jusqu’au jour où nous le contemplerons dans sa gloire. En attendant nous sommes invités à nous laisser conduire par l’Esprit Saint sur ce chemin escarpé mais radieux de la rencontre avec notre Dieu.
Alors comme les athlètes dans le stade savent s’arcbouter pour aller toujours plus haut dans leur discipline sachons nous aussi nous laisser saisir par l’Esprit pour aller toujours plus haut dans la connaissance de notre Dieu !