L’événement que nous allons vivre à partir du 7 mai prochain : la réunion du conclave, peut sembler à première vue venir rompre le déroulement de nos chroniques qui s’appuient sur la devise olympique : plus vite, plus haut, plus fort, ensemble. En réalité, ce moment fort de la vie de l’Eglise peut s’apparenter à ces moments exceptionnels dans la vie des sportifs comme une rencontre inattendue, une compétition qui a réanimé des convictions un peu éteintes.
La réunion du prochain conclave va être un grand moment dans la vie de l’Eglise. Elle fait suite à la célébration des funérailles du pape François qui en elles-mêmes sont très significatives de la figure du pontife défunt mais aussi de la place de l’Eglise catholique dans la vie du monde de notre temps. Alors qu’elle est de toute part décriée à cause de divers scandales dont nous ne pouvons absolument pas nier la gravité, voici que de très nombreux chefs d’Etats ou leurs représentants ont fait le déplacement à Rome accompagnés de dizaines de milliers de fidèles sans compter l’immense foule de ceux qui par les divers médias se sont associés à cette célébration. Ce sont les funérailles du chef d’Etat du plus petit pays du monde qui rassemblent de telles foules et autant de dignitaires. C’est donc que la voix de l’Eglise compte encore !
Je voudrais m’arrêter sur cette institution de l’Eglise qui refait surface à périodes irrégulières car les règnes des pontifes n’ont pas la même durée. Quelle différence entre l’éphémère pontificat de Jean-Paul 1er (fin août 1978-fin septembre 1978) et celui de saint Jean-Paul II (1978-2005) ! La récente diffusion du film Conclave qui a remporté un certain succès amène aussi à repréciser ce qu’est un vrai conclave.
C’est en 1059 qu’un décret du pape Nicolas II donne une première forme au conclave, assemblée restreinte aux cardinaux-évêques (des diocèses suburbicaires de Rome). Ce nombre est élargi à tous les cardinaux en 1179 par le pape Alexandre III. C’est au 2ème concile de Lyon 1274 que fut adoptée la tradition d’enfermer les cardinaux pour éviter les influences politiques extérieures et pour presser les cardinaux à élire un pape. Le nombre des cardinaux pendant de longs siècles a été établi à 70. Le pape Paul VI en 1970 établit que seuls les cardinaux de moins de 80 ans sont électeurs et que leur nombre ne doit pas dépasser 120. Le nombre actuel des cardinaux est de 252 dont 135 électeurs parmi eux 6 Français (les cardinaux Barbarin, Mamberti, Aveline, Bustillo, Vesco et Pierre).
Les vicissitudes de l’histoire ont joué un rôle dans l’histoire des conclaves. Les puissances politiques ont toujours essayé d’influencer le conclave jusqu’à l’élection de saint Pie X qui en 1904 supprima le droit d’exclusive qui permettait à la France, l’Espagne et l’Autriche de mettre leur véto sur l’un des noms. Ce fut le cas du Cardinal Rampolla, secrétaire d’Etat de Léon XIII jugé trop francophile par l’empereur François-Joseph d’Autriche qui demanda à l’archevêque de Cracovie de faire connaître sa décision.
A la suite du décès de Pie VII décédé à Valence en 1799 le conclave dût se réunir à Venise car Rome était occupée par les troupes révolutionnaires françaises. Le conclave qui devait élire Pie VII dura 6 mois !
Les derniers conclaves ont été moins perturbés. Au 20ème et 21ème siècle la durée a été de 1 jour (Pie XII et Jean-Paul I) à 4 jours (Pie X et Pie XI).
En attendant l’ouverture du conclave, les cardinaux présents à Rome se réunissent chaque jour pour les Congrégations générales au cours desquelles ils sont invités à s’exprimer sur les sujets qu’ils trouvent les plus importants pour la vie de l’Eglise et où ils peuvent faire ou approfondir la connaissance qu’ils ont les uns des autres.