Nous sommes donc invités à aller plus vite, plus haut, à devenir plus forts et tout cela ensemble. Mais quel est le but de cette démarche ? La fin de l’année liturgique qui, pour notre hémisphère Nord, se calque aussi sur le rythme des saisons oriente notre méditation vers les fins dernières. Après les promesses du Printemps, les ardeurs de l’été, le flamboiement de l’Automne, voici qu’approche l’endormissement de l’hiver. Comme cela semble être indiqué par l’alternance des saisons, « la figure de ce monde va passer » (Cf. 1Co, 7, 31). C’est bien ce que nous enseigne Jésus dans l’évangile de ce dimanche : « En ces jours-là, après une grande détresse, le soleil s’obscurcira et la lune ne donnera plus sa clarté ; les étoiles tomberont du ciel, et les puissances célestes seront ébranlées. Alors on verra le Fils de l’homme venir dans les nuées avec grande puissance et avec gloire. Il enverra les anges pour rassembler les élus des quatre coins du monde, depuis l’extrémité de la terre jusqu’à l’extrémité du ciel. » (Mc 13, 24-27).
La fin du monde ne signifie pas la fin de toute chose mais l’accomplissement de tout ; c’est ce que nous entendrons dimanche prochain lors de la fête du Christ Roi de l’Univers avec le chant de la préface : «Tu as consacré Prêtre éternel et Roi de l’univers ton Fils unique, Jésus Christ, notre Seigneur, afin qu’il s’offre lui-même sur l’autel de la Croix, en victime pure et pacifique, pour accomplir les mystères de notre rédemption, et qu’après avoir soumis à son pouvoir toutes les créatures, Il remette aux mains de Ta souveraine puissance un règne sans limite et sans fin… » Voilà pour l’orientation de nos vies : A la suite de Jésus, nous marchons vers le Royaume dans lequel il est entré le premier pour nous y préparer une place (Cf. préface de l’A.
Comment faire pour y parvenir ? Je laisse la parole à Saint Augustin : «Que doit donc faire le chrétien ? User du monde, ne pas servir le monde. En quoi cela consiste-t-il ? À posséder, comme si l’on ne possédait pas. C’est ce que dit saint Paul : D’ailleurs, frères, le temps est limité. Dès lors, que ceux qui ont une femme soient comme s’ils n’avaient pas de femme ; ceux qui pleurent, comme s’ils ne pleuraient pas, ceux qui se réjouissent, comme sils ne se réjouissaient pas, ceux qui font des achats, comme s’ils ne possédaient rien, ceux qui usent de ce monde, comme s’ils n’en usaient pas, car elle passe, la figure de ce monde. Je veux que vous soyez libres de tout souci. Celui qui est libre de tout souci attend avec sécurité la venue de son Seigneur. Car est-ce qu’on aime le Seigneur, lorsqu’on redoute sa venue ? Mes frères, est-ce que nous n’avons pas honte ? Nous aimons, et nous redoutons sa venue ! Aimons-nous vraiment, ou est-ce que nous n’aimons pas davantage nos péchés ? Nous haïrons nos péchés eux-mêmes, et nous aimerons celui qui va venir pour punir les péchés. Il viendra, que nous le voulions ou non. Ce n’est pas parce qu’il ne vient pas maintenant qu’il ne viendra pas. Il viendra, et tu ne sais pas quand. Et s’il te trouve prêt, cela n’a pas d’inconvénient pour toi que tu ne le saches pas (…) Qu’y aura-t-il de plus juste, de plus vrai que cela : ils n’attendront pas du juge la miséricorde, ceux qui n’ont pas voulu exercer la miséricorde avant la venue du juge. Ceux qui ont voulu exercer la miséricorde seront jugés avec miséricorde. Car il dira à ceux qu’il aura mis à sa droite : Venez, les bénis de mon Père, recevez en héritage le royaume préparé pour vous depuis la création du monde. Et il leur attribue des actes de miséricorde : J’avais faim, et vous m’avez donné à manger, j’avais soif et vous m’avez donné à boire, et toute la suite. » (Sermon sur le psaume 95)
Nous savons où nous allons, nous savons comment faire pour y aller. Cela nous semble parfois bien difficile d’accorder notre vie quotidienne à ce beau programme. Le Seigneur le sait, c’est pour cela qu’il nous accompagne de sa grâce toute puissante en dehors de laquelle nous ne pouvons rien entreprendre pour ce qui concerne notre vie chrétienne. Mais nous le savons aussi la grâce toute puissante ne peut rien en dehors de nous. C’est toujours saint Augustin qui écrit : « Dieu qui t’a créé sans toi ne te sauvera pas sans toi. »