Ils se sont mis en route…
En ce temps de Noël, nous voyons beaucoup de personnages qui se mettent en route. Pensons à la Vierge Marie qui après avoir reçu le message de l’ange Gabriel « se mit en route et se rendit avec empressement vers la région montagneuse, dans une ville de Judée. » (Lc 1, 39) pour aller à la rencontre de sa cousine Elisabeth. Pensons aussi à ce voyage que Joseph et Marie entreprennent pour aller se faire recenser : « Joseph, lui aussi, monta de Galilée, depuis la ville de Nazareth, vers la Judée, jusqu’à la ville de David appelée Bethléem. Il était en effet de la maison et de la lignée de David. Il venait se faire recenser avec Marie, qui lui avait été accordée en mariage et qui était enceinte ». (Lc 2, 4-5) Pensons aux Bergers qui eux-aussi avertis par les anges se dirent les uns aux autres : « Allons jusqu’à Bethléem pour voir ce qui
est arrivé, l’événement que le Seigneur nous a fait connaître. » Ils se hâtèrent d’y aller, et ils découvrirent Marie et Joseph, avec le nouveau-né couché dans la mangeoire ». (Lc 2, 15-16).
Pensons enfin aux Mages auxquels la liturgie de l’Epiphanie nous invite à être attentifs : « Or, voici que des mages venus d’Orient arrivèrent à Jérusalem. » (Mt 2, 1) Mais ce n’est pas tout. Il y a aussi le voyage en Egypte pour fuir la persécution d’Hérode : « Joseph se leva ; dans la nuit, il prit l’enfant et sa mère, et se retira en Égypte. » (Mt 2, 14) avec le retour à Nazareth lorsque le danger est écarté. Il y a aussi le voyage à Jérusalem pour la circoncision (Lc 2, 22ss) Que de déplacements autour de ces événements ! Mais ils sont surtout significatifs d’un déplacement d’une autre nature, plus intérieur celui-là et sur lequel la Vierge Marie nous invite à méditer : « Marie, cependant, retenait tous ces événements et les méditait dans son cœur. » (Lc 2, 19)
Tous ces déplacements ne nous invitent-ils pas à vivre nous aussi une « mise en route ».
Accepter de nous déplacer pour aller à la rencontre de Celui qui vient nous visiter. C’est bien sûr d’abord une démarche intérieure mais cela peut aussi représenter un déplacement géographique : sortir de sa maison pour aller participer à une retraite ou une récollection, sortir de sa maison pour participer à une mission, sortir de sa maison pour faire un geste de
charité, sortir de sa maison, de sa ville parce que le service nous appelle ailleurs. En ce début d’année, nous ne pouvons pas l’oublier, au moment où nous formulons des vœux les uns pour les autres, n’oublions ces déplacements auxquels nous serons tous appelés, d’une manière ou d’une autre. Il n’est pas toujours facile d’accepter de se laisser déranger mais que serions-nous devenus si le Fils de Dieu n’avait pas accepté de se déranger ?
Bien sûr le déplacement le plus essentiel est le déplacement intérieur, celui qui nous conduit à avoir « des vies qui ne sont plus centrées sur elles-mêmes mais sur Lui qui est mort et ressuscité pour nous » (Cf. 2Co, 5,15). C’est un itinéraire quotidien, c’est l’exercice de la conversion qui amène à reconnaître d’abord que l’on ne se sauve pas soi-même par soi-même.
Il faut pour cela que je m’en remette à un Autre, Celui qui est né de la Vierge Marie, qui a souffert sa Passion qui est mort et qui est ressuscité. Ce déplacement-là est sans doute le plus difficile à réaliser tant il vrai que dans cette situation comme dans tant d’autres, nous reprenons de la main gauche ce que nous avons donné de la main droite. Dans un élan sincère de conversion, nous disons au Seigneur que nous remettons notre vie entre ses mains et peu de temps après nous nous apercevons que nous vivons exactement le contraire… « Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage polissez-le sans cesse, et le repolissez, ajoutez quelquefois, et souvent effacez. » Cette maxime de Boileau peut avoir son utilité tandis qu’au seuil d’une nouvelle année, nous voulons comme tous ces personnages du temps de Noël nous mettre en
route pour trouver à l’intérieur de nous-même ce chemin qui mène à Lui et à l’extérieur de nous-même ce chemin qui nous mène à Le servir dans chacun de nos frères.
Bonne année !