Très souvent, dans l’Ecriture, nous rencontrons le jeu de la lumière et des ténèbres. C’est vrai au commencement, c’est par là que Dieu commence : « Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre. La terre était informe et vide, les ténèbres étaient au-dessus de l’abîme et le souffle de Dieu planait au-dessus des eaux. Dieu dit : « Que la lumière soit. » Et la lumière fut. Dieu vit que la lumière était bonne, et Dieu sépara la lumière des ténèbres » (Gn 1, 1-4). Et c’est par là que tout s’achève : « La nuit n’existera plus, ils n’auront plus besoin de la lumière d’une lampe ni de la lumière du soleil, parce que le Seigneur Dieu les illuminera, et ils régneront pour les siècles des siècles » (Ap 22,5). On pourrait multiplier à l’envie les citations qui font référence à ce contraste lumière/ténèbres comme notre évangile « déjà la nuit approche… tant que je suis dans le monde, je suis la lumière du monde » (Jn 9, 4-5).
La liturgie pascale au cours de laquelle les catéchumènes reçoivent les sacrements de l’initiation chrétienne commence la nuit tombée par la bénédiction du feu nouveau auquel on allume le cierge pascal qui brillera tout au long du temps de Pâques dans le chœur de nos églises.
Les ténèbres qui sont déchirées par cette lumière sont bien sûr celles de notre ignorance, de notre mort, de notre péché et cette lumière n’est autre que Jésus lui-même : « Je suis la Lumière du monde » (Jn 9, 5). Cette Lumière brille par l’Eglise dans le monde par la prédication de la Parole de Dieu (Ps 118, 5), par la célébration des Sacrements, par la vie de tous les fidèles comme nous le rappelle le passage de l’épître de ce jour : « Dans le Seigneur, vous êtes devenus lumière ; vivez comme des fils de la lumière, or la lumière produit tout ce qui est bonté, justice et vérité et sachez reconnaître ce qui est capable de plaire au Seigneur » (Ep 5, 8-10).
Jésus qui se présente comme « la lumière du monde » est celui qui se tient à nos côtés tandis que nous avançons dans notre propre vie. Nous le lisons dans le prologue de l’évangile selon Saint Jean : « Le Verbe était la vraie Lumière, qui éclaire tout homme en venant dans le monde. Il était dans le monde, et le monde était venu par lui à l’existence, mais le monde ne l’a pas reconnu. Il est venu chez lui, et les siens ne l’ont pas reçu. Mais à tous ceux qui l’ont reçu, il a donné de pouvoir devenir enfants de Dieu, eux qui croient en son nom. Ils ne sont pas nés du sang, ni d’une volonté charnelle, ni d’une volonté d’homme : ils sont nés de Dieu. Et le Verbe s’est fait chair, il a habité parmi nous, et nous avons vu sa gloire, la gloire qu’il tient de son Père comme Fils unique, plein de grâce et de vérité (Jn 1, 9-14) ». Cette présence du Christ qui éclaire tout homme en venant dans ce monde n’est pas réservé au temps de l’Incarnation, elle se poursuit à travers les âges car il nous dit : « Je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin des temps » (Mt 28, 20). A nous d’y être attentifs et réceptifs.
Si bien sûr tout cela concerne les futurs baptisés du temps de Pâques, cela concerne tous ceux qui se préparent à renouveler dans la Nuit Sainte les promesses de leur baptême et qui vivent le temps du Carême. Par les exercices du jeûne, de la prière et du partage, soutenus par l’Esprit de Jésus, nous nous soustrayons aux ténèbres pour vivre dans la lumière. Comme nous aimons le chanter : « Ceux qui tâtonnent dans la nuit cherchent la lumière. Viens, Seigneur, aujourd’hui, lave-nous de tout péché et nous transfigure ».