L'ÉDITO DU PÈRE CACAUD

semaine du 5 mars 2023

Jésus et notre humanité transfigurée

 

Dimanche dernier, avec le récit des tentations de Jésus au désert, nous était rappelée la véritable humanité de Jésus. Il ne prend pas seulement les apparences de la nature humaine, il l’épouse en toute chose. Il se fait homme jusqu’à éprouver les tentations. Aujourd’hui la liturgie nous invite à contempler Jésus transfiguré c’est-à-dire dans sa dimension divine. Celui qui est vraiment un homme est vraiment Dieu et devant Pierre, Jacques et Jean, il apparaît entre Moïse et Elie sous un aspect bien différent de celui auquel les Apôtres étaient habitués.

Cet épisode intervient dans l’Evangile juste après l’annonce de la passion et de la mort de Jésus : « Jésus commença à montrer à ses disciples qu’il lui fallait partir pour Jérusalem, souffrir beaucoup de la part des anciens, des grands prêtres et des scribes, être tué, et le troisième jour ressusciter.» (Mt 16, 21). C’est cette annonce qui provoquera la réaction de Pierre : « Dieu t’en garde, Seigneur ! cela ne t’arrivera pas. ». Pour aider les Apôtres à accueillir et à vivre le scandale de sa mort, Jésus leur laisse entrevoir ce à quoi tout cela mènera : sa Résurrection dont la Transfiguration est comme l’annonce.

C’est bien d’ailleurs ce qui motive toutes nos démarches de Carême. Nos yeux sont déjà fixés sur le saint Jour de Pâques, sur la Résurrection de Jésus et c’est parce que nous désirons nous y préparer que nous entreprenons un certain nombre d’efforts qui ont pour but, avec la grâce de Dieu, de purifier nos vies pour les rendre disponibles à la joyeuse annonce du Jour de Pâques : « Ce jour que fit le Seigneur, jour de fête et de joie » (Ps 117, 24).

Mais en contemplant Jésus transfiguré, non seulement nous anticipons la Résurrection mais nous contemplons en lui l’accomplissement de la volonté de Dieu dans l’acte créateur même. En effet, lorsqu’il fit l’homme et la femme, au sommet de la création, il les fit à son image et à sa ressemblance (Cf. Gn 1, 27) et en Jésus transfiguré, nous voyons un homme habillé de la divinité, nous voyons que le projet initial de Dieu arrive à son accomplissement et le signe annonçant la victoire de Jésus au matin de Pâques, annonce aussi la victoire de l’humanité rachetée de la faute par le Christ. C’est bien dans un corps d’homme c’est-à-dire dans notre corps que Jésus est transfiguré, que Jésus ressuscite, c’est bien notre humanité rachetée qui apparaît ainsi. Saint Augustin nous invite à faire le lien entre l’évangile du premier dimanche de Carême et le deuxième : « Le Christ était tenté par le diable ! Dans le Christ, c’est toi qui étais tenté, parce que le Christ tenait de toi sa chair, pour te donner le salut ; tenait de toi la mort, pour te donner la vie ; tenait de toi les outrages, pour te donner les honneurs ; donc il tenait de toi la tentation, pour te donner la victoire » (sermon sur le psaume 60).

Le mystère de la Transfiguration nous concerne donc au premier chef et nous ne devons pas le considérer seulement en pensant à Jésus mais en pensant au Christ, au Christ total celui que nous formons avec Jésus. Certes, tout cela nous ne le discernons pas clairement car tout cela est encore revêtu du voile du mystère mais au terme de l’Histoire, lorsque Jésus reviendra dans sa gloire, lorsque le voile sera levé alors tout apparaîtra en pleine lumière. En attendant ce jour, nous cheminons dans la foi, tendus vers le jour de la bienheureuse Espérance.

 

Michel Cacaud

Michel Cacaud