L'ÉDITO DU PÈRE CACAUD

semaine du 7 janvier 2024

La petite Pentecôte d’hiver

A Noël, ce sont les bergers qui viennent jusqu’à la crèche, les pauvres d’Israël auxquels la Bonne Nouvelle est annoncée par la voix des Anges. A l’Epiphanie, ce sont les Mages, venus du lointain Orient à la fois étrangers et savants qui s’inclinent devant l’Enfant nouveau-né et lui offrent leurs présents : l’or pour le Roi, l’encens pour le vrai Dieu et la myrrhe annonçant son ensevelissement. Ils confessent à travers leurs cadeaux que cet Enfant c’est le vrai Dieu qui s’est fait homme. Parce qu’ils sont étrangers, qu’ils n’appartiennent pas au peuple élu, on interprète leur visite comme l’annonce que Celui qui vient de naître de la Vierge Marie apporte une Bonne Nouvelle destinée à toute les nations. L’Epiphanie est donc considérée comme une petite Pentecôte, comme l’annonce de ce qui se déploiera au temps de Pâques.

Ainsi dès le commencement est signifiée la portée universelle de l’événement qui vient de se dérouler dans cette bourgade perdue de Bethléem. C’est la réalisation de la prophétie : « Les nations marcheront vers ta lumière, et les rois, vers la clarté de ton aurore. Lève les yeux, regarde autour de toi : tous, ils se rassemblent, ils arrivent ; tes fils reviennent de loin, et tes filles sont portées sur les bras. Alors tu verras, tu seras radieuse, ton cœur frémira et se dilatera. Les trésors d’au-delà des mers afflueront vers toi avec les richesses des nations. Des foules de chameaux t’envahiront, des dromadaires de Madiane et d’Épha. Tous les gens de Saba viendront, apportant l’or et l’encens et proclamant les louanges du Seigneur. » (Is 60, 3-6).

Cette dimension universelle du salut est rappelée par l’attention qui nous est demandée pour la mission de l’Eglise en particulier pour les pays d’Afrique. Nous prions pour l’évangélisation de ce continent et nous apportons notre contribution pour soutenir l’activité des Eglises. Cela peut nous paraître paradoxal à une époque comme la nôtre où de plus en plus souvent, nous recevons l’aide de prêtres, de religieux et de religieuses africains qui viennent participer à la vie pastorale de notre Eglise de France. Aujourd’hui les Eglises d’Afrique témoignent de leur reconnaissance vis-à-vis des Eglises de vieille chrétienté qui manquent cruellement de prêtres, de religieux et de religieuses. Alors pourquoi prier en cette fête pour le continent africain, pourquoi lui apporter une aide matérielle ? Parce que l’évangélisation de l’Afrique n’est pas achevée et parce que beaucoup des pays qui la composent manquent de moyens matériels. Et ce n’est pas parce que ces pays semblent plus «riches » que nous en vocations qu’il faut que nous oublions de partager avec eux même nos faibles forces humaines. Il n’est pas incohérent de penser que les Européens dont le ministère serait utile chez nous partent en Afrique pour signifier la communion et la solidarité qui unissent toutes les Eglises.

C’est donc avec ferveur que nous confions dans la prière, en cette petite Pentecôte d’hiver, le continent africain à la miséricorde de Dieu afin que l’évangélisation fasse de nouveaux progrès et que nous manifestons notre générosité par une offrande large destinée en particulier au diocèse de Koupéla au Burkina-Fasso avec lequel notre diocèse de Lyon est jumelé depuis 1957.

Michel Cacaud