Il y a quelques mois, nous avons célébré les funérailles d’Abigaël décédée des suites d’un cancer. Cette femme d’origine togolaise était insérée dans notre paroisse depuis plusieurs années. Lors de ses funérailles, j’ai été, comme d’autres sans doute, touché par le témoignage d’un des amis de son fils. Il nous rapportait que chaque vendredi soir Abigaël recevait chez elle les amis de son fils pour un goûter. C’était l’occasion pour elle de leur parler et parmi tout ce qu’il a entendu, ce garçon s’est arrêté, entre autres, sur ce conseil : « apprenez à prendre soi les uns des autres ».
Cette règle de vie, est bien sûr belle et bonne, elle ouvre largement la voie du véritable bonheur. Alors que les sirènes médiatiques de diverses origines ne cessent de nous dire que le véritable bonheur est offert à ceux qui possèdent beaucoup d’argent, à ceux qui exercent un véritable pouvoir, à ceux qui s’aventure sur les chemins des paradis artificiels, à ceux qui sacrifient à ce qu’offre la société de consommation, à ceux qui recherchent un plaisir sexuel sans limites etc. Avouons que grande est parfois la tentation de céder au chant de ces sirènes. Dans nos villages où l’on trouve le plus de riches dans notre département, c’est une femme pauvre qui indiquait à des plus jeunes à ne pas se fourvoyer sur ces chemins de la désillusion en apprenant à prendre soin les uns des autres.
En plus pour nous chrétiens, nous comprenons bien que ce « prendre soi » est aussi une clé de lecture de la Sainte Ecriture. Nous y découvrons un Dieu qui veut prendre soin de nous et qui veut que nous apprenions à prendre soin les uns des autres.
Tout au long de cette année pastorale, je voudrais que nous progression sur ce chemin qui nous apprendra à connaître notre Dieu comme celui qui prend soin de nous à travers son acte créateur comme à travers son acte rédempteur. Nous approcher de lui en découvrant combien il nous aime : « Mais maintenant, ainsi parle le Seigneur, lui qui t’a créé, Jacob, et t’a façonné, Israël : Ne crains pas, car je t’ai racheté, je t’ai appelé par ton nom, tu es à moi. Quand tu traverseras les eaux, je serai avec toi, les fleuves ne te submergeront pas. (…) Parce que tu as du prix à mes yeux, que tu as de la valeur et que je t’aime, je donne des humains en échange de toi, des peuples en échange de ta vie. Ne crains pas, car je suis avec toi. Je ferai revenir ta descendance de l’orient ; de l’occident je te rassemblerai. » (Is 43, 1-5)
Cette attitude du Seigneur nous la considérons aussi comme une invitation à l’imitation. Si Dieu prend soin de nous c’est bien pour que l’exemple donné nous stimule pour qu’à notre tour nous entrions dans la même démarche. N’est-ce pas là le sens de l’enseignement de Jésus : « Petits enfants, c’est pour peu de temps encore que je suis avec vous. Vous me chercherez, et, comme je l’ai dit aux Juifs : “Là où je vais, vous ne pouvez pas aller”, je vous le dis maintenant à vous aussi. « Je vous donne un commandement nouveau : c’est de vous aimer les uns les autres. Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres. » (Jn 13, 33-34)
Il faut aussi apprendre à accueillir, à écouter ceux qui veulent bien prendre soin de nous. C’est un beau cadeau qui nous est fait lorsque nous voyons que nos parents, nos frères et sœurs, nos enfants, nos amis veulent nous manifester leur attachement en prenant soin de nous, c’est aussi un chemin d’humilité il n’est pas toujours facile de recevoir de l’aide, c’est reconnaitre parfois nos fragilités…
A tous, bonne année pastorale !