Nous l’avons vu, les prophètes sont les envoyés de Dieu auprès du peuple d’Israël en exil à Babylone, pour raviver l’espérance d’une libération. Mais leur rôle ne se limite pas à cette mission particulière. Ils sont aussi les envoyés de Dieu auprès du peuple qui n’arrive pas à vivre dans la fidélité à l’Alliance. Ce peuple continue à avoir « la nuque raide » (Cf. Ex 32,9). « Je suis le Seigneur, votre Dieu. Marchez selon mes décrets, observez mes ordonnances et mettez-les en pratique. Sanctifiez mes sabbats ; qu’ils soient un signe entre moi et vous, pour qu’on sache que Je suis le Seigneur votre Dieu. Cependant les fils se révoltèrent contre moi, ils ne marchèrent pas selon mes décrets, n’observèrent ni ne pratiquèrent mes ordonnances, celles que l’homme doit pratiquer pour en vivre, et ils profanèrent mes sabbats. Alors j’ai dit : je déverserai ma fureur contre eux et, dans le désert, j’irai jusqu’au bout de ma colère envers eux. » (Ez 20, 19-21) ou encore Isaïe : « Ainsi parle le Seigneur Dieu : Crie à pleine gorge ! Ne te retiens pas ! Que s’élève ta voix comme le cor ! Dénonce à mon peuple sa révolte, à la maison de Jacob ses péchés. Ils viennent me consulter jour après jour, ils veulent connaître mes chemins. Comme une nation qui pratiquerait la justice et n’abandonnerait pas le droit de son Dieu, ils me demandent des ordonnances justes, ils voudraient que Dieu soit proche : « Quand nous jeûnons, pourquoi ne le vois-tu pas ? Quand nous faisons pénitence, pourquoi ne le sais-tu pas ? » Oui, mais le jour où vous jeûnez, vous savez bien faire vos affaires, et vous traitez durement ceux qui peinent pour vous. Votre jeûne se passe en disputes et querelles, en coups de poing sauvages. Ce n’est pas en jeûnant comme vous le faites aujourd’hui que vous ferez entendre là-haut votre voix. Est-ce là le jeûne qui me plaît, un jour où l’homme se rabaisse ? S’agit-il de courber la tête comme un roseau, de coucher sur le sac et la cendre ? Appelles-tu cela un jeûne, un jour agréable au Seigneur ? » (Is 58, 1-9a) En même temps que le prophète dénonce le mal, il invite à la conversion au retour vers le Seigneur. Par la voix des prophètes, le Seigneur prend soin de son peuple en dénonçant le mal et en invitant au bien. Si ses paroles, sa colère sont parfois sévères c’est pour rappeler la gravité de la faute et l’urgence de la conversion.
Les prophètes sont tout à la fois ceux qui dénoncent les travers du peuple et la miséricorde du Seigneur. C’est ce que fait le prophète Joël : « Maintenant – oracle du Seigneur revenez à moi de tout votre cœur, dans le jeûne, les larmes et le deuil ! Déchirez vos cœurs et non pas vos vêtements, et revenez au Seigneur votre Dieu, car il est tendre et miséricordieux, lent à la colère et plein d’amour, renonçant au châtiment. Qui sait ? Il pourrait revenir, il pourrait renoncer au châtiment, et laisser derrière lui sa bénédiction : alors, vous pourrez présenter offrandes et libations au Seigneur votre Dieu. Sonnez du cor dans Sion : prescrivez un jeûne sacré, annoncez une fête solennelle, réunissez le peuple, tenez une assemblée sainte, rassemblez les anciens, réunissez petits enfants et nourrissons ! Que le jeune époux sorte de sa maison, que la jeune mariée quitte sa chambre ! Entre le portail et l’autel, les prêtres, serviteurs du Seigneur, iront pleurer et diront :« Pitié, Seigneur, pour ton peuple, n’expose pas ceux qui t’appartiennent à l’insulte et aux moqueries des païens ! Faudra-t-il qu’on dise : “Où donc est leur Dieu ?” » (Jil 2, 12-18) Car jamais Dieu ne veut enfermer les pêcheurs dans la profondeur de leurs péchés.
« Bénis le Seigneur, ô mon âme, bénis son nom très saint, tout mon être !
Bénis le Seigneur, ô mon âme, n’oublie aucun de ses bienfaits !
Car il pardonne toutes tes offenses et te guérit de toute maladie ;
Il réclame ta vie à la tombe et te couronne d’amour et de tendresse ;
Il comble de biens tes vieux jours : tu renouvelles, comme l’aigle, ta jeunesse.
Le Seigneur fait œuvre de justice, il défend le droit des opprimés.
Il révèle ses desseins à Moïse, aux enfants d’Israël ses hauts faits.
Le Seigneur est tendresse et pitié, lent à la colère et plein d’amour ; » (Ps 102)