L'ÉDITO DU PÈRE CACAUD

semaine du 5 novembre 2023

PRIER POUR LES DEFUNTS

L’année avançant, les saisons se succédant, nous avons comme l’impression que le monde va vers sa fin. Après les éclats magnifiques, la symphonie des couleurs que nous offre l’automne, l’hiver s’avance inexorablement la nature va s’endormir avec cette interrogation : se réveillera-t-elle ? Est-ce pour cette raison que l’Eglise a inscrit dans son calendrier liturgique une célébration pour tous les fidèles défunts le 2 novembre ? Sans doute. Le rythme des saisons étant pour nous comme un rappel que notre vie qui a commencé sur cette terre y aura une fin. Cette échéance nous effraie souvent, nous n’aimons pas parler de la mort, elle fait souvent partie des sujets tabous qu’il faut essayer d’éviter dans les conversations.

Et pourtant l’Eglise nous invite à chaque messe à prier pour les défunts : « Pour nos frères défunts, pour les hommes qui ont quitté cette terre, Seigneur nous te prions » (PE 3). Pourquoi nous invite-elle à prier pour eux : « Reçois-les dans ton Royaume ». Si nous demandons au Seigneur qu’il les reçoive dans son Royaume cela veut dire qu’ils n’y sont pas encore. L’Eglise dit qu’ils sont au Purgatoire voilà encore un mot que nous n’aimons pas beaucoup. Et pourtant qu’elle belle réalité que le Purgatoire ! Sans le localiser, sans en définir la durée, il nous est bon de savoir qu’au terme de notre vie, nous ne serons pas mis en présence de Dieu sans une ultime préparation. Qui peut prétendre pouvoir se tenir en la présence de Dieu sans transition ? Personne ! Même les plus grands saints sont conscients de leur incapacité. Le Purgatoire n’est pas, comme certains l’imaginent parfois comme une gare de triage d’où les uns iraient vers le Paradis et les autres vers l’enfer ! Le Purgatoire nous prépare au Ciel et uniquement au Ciel ! Et ceux qui le traversent ont besoin de notre prière.

Souvent nous pensons qu’après la mort de ceux que nous aimons, nous ne pouvons plus rien pour eux. Or ce n’est pas vrai nous pouvons, nous devons prier pour eux et la meilleure de ces prières c’est bien sûr la célébration de l’Eucharistie « sacrifice offert pour le salut des vivants et des morts ». Quel bel acte de foi que de demander qu’à l’occasion de la célébration de la messe on évoque le souvenir de telle ou telle personne récemment ou plus anciennement décédée. Certains ont craint une appropriation de l’Eucharistie : « C’est ma messe, pour mes morts ». Le danger existe sans doute ! Mais si la messe est célébrée pour tous, elle est donc célébrée pour chacun et il n’est pas inconvenant, au contraire, de demander que l’on prie pour le ou les défunts que l’on aura présentés. Souvenons-nous de la mort de sainte Monique telle que la rapporte saint Augustin dans les Confessions : « Un jour dans sa maladie, elle perdit connaissance et fut un moment enlevée à tout ce qui l’entourait. Nous accourûmes; elle reprit bientôt ses sens, et nous regardant mon frère et moi, debout auprès d’elle; elle nous dit comme nous interrogeant: « Où étais-je? » Et à l’aspect de notre douleur muette : « Vous laisserez ici, votre mère! » Je gardais le silence et je retenais mes pleurs. Mon frère dit quelques mots exprimant le vœu qu’elle achevât sa vie dans sa patrie plutôt que sur une terre étrangère. Elle l’entendit, et, le visage ému, le réprimant des yeux pour de telles pensées, puis me regardant: « Vois comme il parle, » me dit-elle; et s’adressant à tous deux: « Laissez ce corps partout; et que tel souci ne vous trouble pas. Ce que je vous demande seulement, c’est de vous souvenir de moi à l’autel du Seigneur, partout où vous serez. »

 

 

NB : pour faire célébrer une messe pour les défunts, il suffit de prendre contact avec la paroisse. De signaler la date qui vous conviendrait et le nom du défunt. La messe peut aussi être célébrée à d’autres intentions, pour une naissance, un mariage, pour les malades, pour la paix dans le monde etc. Vous êtes invités à apporter une offrande, le diocèse de Lyon indique une base de 18€.

 

Michel Cacaud