L'ÉDITO DU PÈRE CACAUD

semaine du 7 mai 2023

Qui m’a vu a vu le Père

L’Évangile de ce cinquième dimanche de Pâques propose un double commandement sur la foi: croire en Dieu et croire en Jésus. Le Seigneur, en effet, dit à ses disciples : « Croyez en Dieu, croyez aussi en moi » (Jn 14, 1). Ce ne sont pas deux actes séparés, mais un unique acte de foi, la pleine adhésion au salut opéré par Dieu le Père par son Fils Unique. Le Nouveau testament a mis fin à l’invisibilité du Père. Dieu a montré son visage, comme le confirme la réponse de Jésus à l’apôtre Philippe : « Qui m’a vu a vu le Père » (Jn 14, 9). Le Fils de Dieu, par son incarnation, sa mort et sa résurrection, nous a libérés de l’esclavage du péché pour nous donner la liberté des enfants de Dieu et nous a fait connaître le visage de Dieu qui est amour: Dieu peut être vu, il est visible dans le Christ. Sainte Thérèse d’Avila écrit que « nous ne devons pas nous écarter de notre plus grand bien, de notre remède le plus efficace, qui est l’Humanité sacrée de Notre-Seigneur Jésus Christ » (Le Château intérieur, 7, 6 : Œuvres complètes, Milan, 1998, 1001). Ce n’est donc qu’en croyant dans le Christ, en restant unis à Lui, que les disciples, dont nous faisons aussi partie, peuvent continuer son action permanente dans l’histoire : « En vérité, en vérité, je vous le dis — dit le Seigneur : celui qui croit en moi fera, lui aussi, les œuvres que je fais » (Jn 14, 12).

La foi en Jésus comporte de le suivre quotidiennement, dans les actions simples qui composent notre journée. « C’est bien le propre du mystère de Dieu d’agir de manière humble. C’est seulement petit à petit qu’il construit son histoire dans la grande histoire de l’humanité. Il se fait homme mais d’une telle manière qu’il peut être ignoré de ses contemporains, des forces autorisées de l’histoire. Il souffre et il meurt et, comme Ressuscité, il ne veut atteindre l’humanité qu’à travers la foi des siens auxquels il se manifeste. Continuellement, il frappe humblement aux portes de nos cœurs et, si nous lui ouvrons, lentement il nous rend capable de “voir” » (Jésus de Nazareth II, 2011, p. 311). Saint Augustin affirme qu’il « était nécessaire que Jésus dise : “Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie” (Jn 14, 6), parce qu’une fois le chemin connu, il restait à connaître la destination » (Tractatus in Ioh., 69, 2 : CCL 36, 500), et la destination, c’est le Père. Pour les chrétiens, pour chacun de nous, donc, le Chemin vers le Père, c’est se laisser guider par Jésus, par sa parole de Vérité, et c’est accueillir le don de sa Vie. Faisons nôtre l’invitation de saint Bonaventure : « Ouvrez donc les yeux, prêtez l’oreille de votre âme, déliez vos lèvres, appliquez votre cœur, afin de voir Dieu en toutes ses créatures, de l’entendre, de le louer, de l’aimer, de lui rendre vos hommages, de proclamer sa grandeur et de l’honorer » (Itinerarium mentis in Deum, i, 15).

Chers amis, l’engagement d’annoncer Jésus Christ, « le Chemin, la Vérité et la Vie » (Jn 14, 6), constitue le devoir principal de l’Église. Invoquons la Vierge Marie pour qu’elle assiste toujours les pasteurs et tous ceux qui, dans différents ministères, annoncent l’heureux Message du salut, afin que la Parole de Dieu se répande et que le nombre des disciples se multiplie (cf. Ac 6, 7).

Benoît XVI
Regina Caeli 2011-05-22

Michel Cacaud