L'ÉDITO DU PÈRE CACAUD

semaine du 17 mars 2024

RETOUR A LA VIE DE LAZARE, RESURRECTION DE JESUS.

Après l’Evangile de la Samaritaine et celui de la guérison de l’aveugle-né, voici celui de la résurrection de Lazare. Trois grands textes qui nous préparent chacun à leur manière à nous approcher des fêtes pascales.

Avec le texte du retour à la vie de Lazare se pose la question de la résurrection de Jésus. Est-ce la même chose ? Lorsque nous disons que Lazare revient à la vie, nous disons qu’il revient à la vie qu’il venait de quitter. Si l’on ne nous dit pas la cause de la mort de Lazare, on nous en dit les conséquences : la peine profonde éprouvée par ses sœurs Marthe et Marie, par leurs amis, par Jésus lui-même. Jésus en le ramenant à la vie apaise la peine de ceux qui sont éprouvés et se manifeste comme celui qui est le maître de la vie et de la mort. Mais la vie à laquelle Lazare revient n’est pas la vie éternelle et d’ailleurs Lazare « re-mourra ». Le dialogue entre Jésus et les sœurs de Lazare est curieux. Il semble qu’au départ, Jésus se contente de faire pour Marthe une belle catéchèse sur la résurrection : « Ton frère ressuscitera » ; « Moi, je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra ; et tout homme qui vit et qui croit en moi ne mourra jamais. Crois-tu cela ? « . La réponse de Marthe est édifiante : « Oui, Seigneur, tu es le Messie, je le crois ; tu es le Fils de Dieu, celui qui vient dans le monde. » C’est pour cela que Jésus est venu, pour cette résurrection, celle qui par la foi nous permet d’accéder à la plénitude de la vie, la vie éternelle. Lorsqu’il se trouve en face de Marie et de tous ceux qui pleurent avec elle, Jésus ne se situe plus au niveau de l’enseignement, il manifeste sa compassion. Il est attentif à leur peine comme il l’avait été vis-à-vis de la veuve de Naïm ou de Jaïr et il ramène Lazare à la vie. Dans son humanité, Jésus a fait l’expérience de la tristesse, de la ^peine qu’engendre pour chacun d’entre nous la mort de ceux que nous aimons. Mais alors Lazare ne ressuscite pas, il revit. Il n’échappe pas aux réalités de la condition humaine. Il demeure un homme comme les autres. Il est un peu comme en sursit.

Lorsque Jésus ressuscitera, il ne reviendra pas à la vie qu’il avait avant sa mort, sa nouvelle vie est tout autre, il n’est plus exposé à la mort. « Le Christ est mort pour vaincre cette mort, et sa résurrection n’est pas un retour à la vie précédente, mais l’ouverture d’une réalité nouvelle, une «terre nouvelle», finalement unie à nouveau au Ciel de Dieu. C’est pourquoi saint Paul écrit: «Si l’Esprit de Dieu, qui a ressuscité Jésus d’entre les morts, habite en vous, celui qui a ressuscité le Christ d’entre les morts, donnera la vie aussi à vos corps mortels, par son Esprit qui habite en vous» (Rm 8, 11) » (Benoît XVI angelus 2011-04-10). C’est cette vie-là que Jésus veut donner à tous ceux qui croiront en lui. C’est cette vie qui a été déposée en chacun de nous au jour de notre baptême et qui en grandissant, nous fait ressembler peu à peu à Jésus ressuscité jusqu’au jour où nous paraîtrons face à lui et où nous lui seront semblables éternellement. C’est ce que nous fêterons à Pâques. Si nos vies humaines ont du prix et pour nous et pour ceux que nous aimons et qui nous aiment, un prix tel que Jésus n’hésite pas à la rappeler de la mort, ces vies n’ont pas les promesses de l’éternité. Seule la vie que Jésus nous donne dans son mystère pascal est appelée à s’épanouir dans l’éternité de Dieu. Lazare lui aussi doit accueillir cette vie car le miracle réalisé par Jésus ne le dispense pas d’être uni au mystère pascal pour être délivré définitivement de la mort.

Nous pouvons alors accueillir la force de la parole de Thomas « Allons-y nous aussi, et mourons avec lui ». Car « si nous mourons avec lui, avec lui, nous vivrons »!

Michel Cacaud