Le premier jour de la semaine, alors que la belle histoire qui les avait séduits semble avoir
trouvé une misérable issue : la mort de Jésus sur la croix, deux de ses disciples font route vers le village d’Emmaüs. Sur ce chemin de désillusion, ils se remémorent avec amertume les évènements qu’ils ont vécus avec celui dont ils pensaient qu’il était le Messie. Tout n’a pas été facile pendant ces trois années passées à sillonner les routes de Palestine mais il y a eu tout de même de grands moments : des rencontres, des miracles et puis ses enseignements, cette parole qui les a rejoints qui comblait bien plus que leurs attentes… Maintenant il leur faut retrouver le quotidien pleins de déception, il va falloir recroiser le regard de ceux qu’ils ont quitté pour suivre ce Jésus…
Sur ce chemin ils sont rejoints. Dans un premier temps ils accueillent ce compagnon de voyage comme ils en ont l’habitude. Ce n’est pas rare que sur la route des groupes se fassent et se défassent au grès des étapes ou des itinéraires. Ils marchent avec lui et ils se mettent à discuter. Ils sont étonnés que leur compagnon soit aussi ignorant des événements qu’ils viennent de vivre… Mais cet événement est-il aussi important que cela ? Un homme qui meurt crucifié, ce n’est pas si rare. Il n’y a pas là de quoi défrayer la chronique. Mais l’homme a tout de même une drôle de manière de poursuivre la conversation. Celui qui ne semblait pas très au courant de l’actualité donne l’impression de bien connaitre le dossier. Il entraîne ses deux interlocuteurs sur un autre chemin, un parcours biblique qui non seulement leur permet d’entrer dans une compréhension plus juste des événements qu’ils viennent de vivre mais qui surtout réchauffe leur cœur… Celui-là on l’écouterait bien encore et encore… Mais voilà le village de destination, il faudrait donc se séparer. L’inconnu va poursuivre sa route.
Les deux disciples n’arrivent pas à se résoudre à le quitter : « Reste avec nous : le soir approche et déjà le jour baisse. » C’est vrai d’un point de vue naturel… C’est encore plus vrai d’un point de vue spirituel. Ils semblent vouloir dire à leur compagnon : « Les choses commencent à s’éclaircir pour nous… Ce n’est pas le moment pour que la Lumière nous abandonne » !
Après le moment de l’enseignement, vient celui du signe : la bénédiction, le pain partagé, enfin le voile qui enténébrait la connaissance est levé. Ils reconnaissent Celui qui a fait route avec eux, Celui qui a réchauffé leur cœur. Même s’il disparaît à leurs yeux de chair, ce n’est pas grave, ils ont fait le saut dans la foi et c’est avec ardeur qu’ils retournent à Jérusalem pour retrouver les autres disciples et leur partager ce qu’ils ont vu et entendu. Cet itinéraire est le nôtre en chaque Eucharistie, nous nous en approchons avec ce qui fait notre vie et sur la route qui nous conduit à l’église, nous en parlons les uns avec les autres et dans le secret de notre cœur avec Jésus. Dans l’église, nous rejoignons les autres disciples, Jésus nous parle, il nous permet de découvrir comment sa parole éclaire aujourd’hui notre vie. Puis sur l’autel le pain et le vin deviennent le Corps et le Sang de Jésus, sous nos yeux le mystère pascal est célébré, nous communions et notre cœur est plein de joie. Enfin Celui qui nous a rassemblés nous renvoie sur nos lieux de vie pour que nous partagions cette Bonne Nouvelle qui nous a rassemblés.
