En ce premier dimanche de l’Avent nous entrons dans une nouvelle année liturgique et comme pour nous donner le maître-mot de toute la vie du chrétien, nous entendons cette invitation du Seigneur : « Ce que je vous dis là, je le dis à tous : Veillez ! » (Mc 13, 37). Assez paradoxalement et contrairement à nos manières habituelles de penser, la liturgie de l’Avent oriente notre méditation vers la venue dans la gloire de notre Seigneur Jésus-Christ et non pas d’abord en direction d’une préparation à la fête de Noël. Certes il est important de se préparer à la fête de Noël et de méditer sur le mystère de l’Incarnation du Seigneur et sur les événements qui préparent et accompagnent la réalisation de ce mystère c’est pourquoi les personnages de Marie et de Jean-Baptiste ont une telle importance en ce temps de l’Avent. Mais cela ne doit pas nous faire oublier que si Jésus est bien celui qui est descendu du Ciel et a pris chair de la Vierge Marie il est aussi celui dont nous attendons la venue dans la gloire et nous sommes appelés à préparer cette venue. Comme autrefois il y eu un peuple, Israël, qui a préparé le premier avènement de Jésus principalement sous la conduite des Prophètes dont nous lisons chaque jour une page pendant le temps de l’Avent, nous sommes le peuple qui est appelé à préparer son second avènement sous la conduite de l’Esprit-Saint. C’est pour cela que Jésus oriente notre méditation vers ce Jour et nous invite à le préparer en veillant.
Veiller c’est bien sûr d’abord prier. C’est l’attitude première du chrétien. Par la prière, il est conforté dans sa foi en cette ultime venue du Seigneur. La proclamation du Credo : « Il reviendra dans la gloire pour juger les vivants et les morts » devient alors de plus en plus une conviction qui oriente toute la vie. Prenons pendant ce temps de l’Avent un bon temps de prière en l’alimentant par une méditation des livres prophétiques dont la liturgie nous propose la lecture.
Veiller ce n’est pas rester inactif. Notre attente n’est pas une attente passive. «Heureux serviteur, que son maître, en arrivant, trouvera à son travail ». (Lc 12, 43) dit Jésus. En quoi consiste notre travail en ce domaine ? Il ne s’agit pas d’autre chose que d’accomplir notre devoir d’état et d’apprendre à reconnaître Celui qui vient à travers ceux que nous rencontrons au quotidien « ce que vous avez fait à l’un de ces petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait » (Mt 25, 40) et de vivre avec eux le commandement de Jésus : «Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés » (Jn 15,17). Veiller c’est donc bien se tourner vers le Ciel pour que s’affermisse notre foi en Celui qui vient mais ce n’est pas rester les bras croisés en l’attendant. C’est de tout cœur œuvrer avec le meilleur de soi-même pour le service de la justice, de la paix et de l’amour qui sont les signes de ce Règne qui vient comme le chantait la préface de la fête du Christ Roi de l’univers !
« Celui-là veille qui, dans tous ses actes, agit conformément à sa foi (…) Ce voleur c’est aussi la mort qui, faisant irruption dans notre maison, tue celui qui ne veille pas sur lui : oui, celui qui ne prévoit pas l’avenir et les dangers qu’il recèle, la mort le conduit au supplice sans qu’il le sache. Mais s’il savait se tenir sur ses gardes, il saurait résister au voleur ; car il irait de lui-même au-devant du juge, il viendrait vers lui, repentant de toutes ses fautes, tandis qu’impénitent il est entraîné à sa perte (…) Ainsi, si nous craignons la mort avant qu’elle vienne, quand elle viendra nous vaincrons. » (Saint Grégoire le Grand : homélie XIII).
Bon temps de l’Avent et belle nouvelle année liturgique !